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80ème anniversaire Soubizergues, Vendredi  14 juin 2024

La cérémonie de commémoration en mémoire des 25 victimes de Soubizergues, il y a 80 ans, a eu lieu vendredi 14 juin 2024 à 6h00. 7 élèves de 3e prépa métiers du lycée de Haute Auvergne étaient présents.

Les élèves du collège La Vigière, ont procédé à  l’extinction des flambeaux ainsi qu’à la lecture d’un poème. Le chant des Partisans ainsi que La Marseillaise ont été chantés par 40 élèves de l’école Louis THIOLERON accompagnés des musiciens du conservatoire Saint-Flour communauté.

 

Plus tard,  3 élèves de 3e PMET ont lu un texte devant l’hôtel Terminus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De 9h à 10h, ils ont eu l’honneur et la chance de recevoir dans la classe au lycée, M et Mme Lipot,fille du cousin germain de Raymond Winter, fusillé à 21 ans le 14 juin 1944. Le couple était accompagné de 2 de leurs petites filles.

Les 3e avaient préalablement préparé des questions : pourquoi a-t-il été important pour vous de participer à la commémoration de Soubizergues ? / Aviez-vous déjà participé à ces commémorations les années précédentes ? Comment avez-vous trouvé la cérémonie ce matin ? Comment la mémoire de M.Winter se transmet dans la famille ? De quelles manières entretenez-vous son souvenir ? En parlez-vous souvent ? Est-ce que son histoire représente un traumatisme pour vous ? Depuis quand votre famille est-elle installée en Israël ? Comment vit-on en Israël au quotidien actuellement ? / est-ce possible de mener une vie d’ado « normale » dans un pays en guerre ?

M. et Mme Lipot ainsi que leurs petites-filles âgées de 14 et 15 ans, très émus par la cérémonie du matin, ont répondu bien volontiers à toutes ces questions. Les échanges ont été riches d’enseignement et les élèves extrêmement attentifs.

L’hôtel Terminus, juin 1944

1944, les alliés progressent en France comme dans le reste de l’Europe occupée.

Saint-Flour, en raison de son importance et de sa situation entre les monts de Margeride et ceux du Cantal, est occupée par les Allemands qui y patrouillent, reconnaissent et situent les centres de Résistance.

Le 10 juin 1944, les allemands réquisitionnent, dans le cadre d’une rafle, l’hôtel Terminus, qui devient le siège de la Gestapo.

Entre le 10 et le 13 juin 1944, 53 personnes, dont 7 femmes, y seront enfermées. Parmi ces personnes :

  • 3 policiers de la surveillance du Territoire de Clermont-Ferrand venus à Saint-Flour, et arrêtés à l’hôtel Loussert par la police secrète allemande car soupçonnés d’appartenir à la Résistance,
  • 37 habitants, arrêtés à Saint-Flour, le 10 juin, par la Gestapo et la Milice,
  • puis 13 prisonniers arrêtés à Murat, le 12 juin, par Hugo Geissler, haut responsable du service de Sécurité du Reich.

Ce même jour, Hugo Geissler est assassiné à Murat.

Dans la nuit du 13 au 14 juin 1944, une réunion des autorités allemandes et des responsables de la Milice se tient dans une des salles de l’hôtel Terminus pour décider du sort de ces 53 prisonniers.

Une liste de 25 otages à fusiller est alors établie. Ces otages seront conduits au petit matin du 14 juin à Soubizergues.

Extrait de « Soubizergues, terre de sang » écrit en 1945 par le frère Gérard Mayet, rescapé de cette tragédie : « L’enfer du Terminus »

Si vous demandez leurs impressions de captivité à ceux d’entre nous qui en sont revenus, ils vous diront tous avec un frisson dans la voix : « le plus terrible, c’était l’hôtel Terminus ».

Pour ma part, les 3 jours que j’y ai vécu feront époque dans mon existence, et dussé-je vivre cent ans, je n’oublierai jamais cet enfer de contrainte et de cauchemar, où le corps, l’esprit et le cœur étaient également mis à la torture par la plus injuste détention et par la cruauté de nos geôliers habiles à retourner le fer dans la palie vive. Maintenant encore, mes nuits sont hantées du souvenir affreux de ces heures tragiques. Que de fois il m’arrive de me réveiller en sursaut, en proie à une angoisse d’agonie, croyant entendre à nouveau les vociférations de haine, les cris de mort, les cliquetis intentionnels des armes dans notre dos, le bruit métallique et exaspérant d’une mitraillette s’abattant brutalement sur un visage. Je crois voir encore s’agiter autour de nous ces brutes, au rictus hideux et insolent, dont chaque parole fut un vomissement de haine et chaque geste un réflexe de cruauté. Tels étaient les miliciens, nos gardiens de l’hôtel Terminus ».